L'apprentissage par enquête est une approche philosophique de l'enseignement-apprentissage de la construction des savoirs favorisant une compréhension approfondie du monde. Cette approche est ancrée dans la recherche et dans les modèles constructivistes. Elle permet à l'enseignant ou l'enseignante d'aborder des concepts et du contenu à partir du vécu, des intérêts et de la curiosité des élèves pour donner du sens au monde qui les entoure. Elle facilite l'engagement actif dans un cheminement personnel, collaboratif et collectif tout en développant le sens de responsabilité et l'autonomie. Elle offre à l'élève des occasions:

• de développer des compétences tout au long de sa vie;
• d'aborder des problèmes complexes sans solution prédéterminée;
• de remettre en question des connaissances;
• d'expérimenter différentes manières de chercher une solution;
• d'approfondir son questionnement sur le monde qui l'entoure.

Dans l'apprentissage par enquête, l'élève vit un va-et-vient entre ses découvertes, ses perceptions et la construction d'un nouveau savoir. L'élève a ainsi le temps de réfléchir sur ce qui a été fait et sur la façon dont il ou elle l'a fait, ainsi que sur la façon dont cela lui serait utile dans d'autres situations d'apprentissage et dans la vie courante.

La démarche d'enquête passe essentiellement par la formulation de questions de fond - par l'enseignant ou l'élève -, questions qui viendront motiver et guider leurs recherches sur des thèmes, des problèmes ou des défis abordés dans le cadre des résultats d'apprentissage du programme et des champs d'intérêt des élèves. 

L'enquête donne l'occasion à l'enfant de participer activement et en équipe à une démarche axée sur la recherche de sens et la compréhension. La connaissance factuelle est peut-être nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. Ce qui est important, c'est de savoir comment accéder à la masse d'information relative à la santé qui existe, et la comprendre. Les enfants doivent aller au-delà de la simple accumulation de connaissances pour acquérir des connaissances pratiques et des compétences utiles lorsqu'il s'agit de saisir les possibilités et de relever les défis en matière de santé - une démarche qu'appuie l'apprentissage par enquête.

La démarche d'enquête donne l'occasion aux élèves d'acquérir des connaissances et compétences et de développer une curiosité d'esprit, toutes susceptibles de les aider à mieux comprendre le monde qui les entoure et leurs expériences de vie. La démarche d'enquête se concentre sur la définition de questions de fond, de projets stimulants et d'applications personnelles en vue de motiver et d'orienter l'étude de concepts et de problèmes relevant des résultats d'apprentissage visés par le programme.

L'enquête est plus qu'une simple stratégie pédagogique; c'est le travail réel et authentique auquel pourrait s'attaquer concrètement quiconque évolue dans le « monde du mieux-être ».

L'apprentissage par enquête ne suit pas une démarche systématique étape par étape; il s'inscrit plutôt dans un processus cyclique au cours duquel les élèves sont appelés à revisiter diverses phases connues et à réviser leurs positions à la suite des découvertes qu'ils font, des compréhensions qu'ils acquièrent et des nouveaux savoirs qu'ils construisent avec d'autres. C'est le type de travail auquel se livre, pour créer ou construire son savoir, quiconque évolue dans ces disciplines. Il s'agit d'une démarche qui demande qu'on s'engage dans de sérieuses recherches, ainsi que dans la création de nouveaux savoirs et leur mise à l'épreuve (Galileo Educational Network, 2011). 

La démarche d'enquête s'appuie sur l'esprit de curiosité inhérent des élèves et sur leur désir d'apprendre en puisant dans leurs antécédents, leurs expériences, leurs intérêts divers. Elle leur donne des occasions de participer activement à une recherche collaborative de sens, de connaissance et de changement. Même si, à l'occasion, cela passe par la mémorisation de faits ou d'éléments d'information, cela ne saurait s'arrêter là. Ce qui importe dans le programme de bienêtre, c'est de savoir comment trouver et interpréter l'information et discerner celle qui est fiable et pertinente au bienêtre. Les élèves doivent y acquérir une démarche personnelle d'acquisition de savoirs utiles et applicables - démarche qui ne saurait passer autrement que par l'apprentissage par enquête.

Les élèves qui adoptent une démarche d'enquête :

• cherchent à approfondir leurs connaissances et leur compréhension plutôt qu'à assimiler passivement de l'information;
• confrontent des points de vue divers et des idées conflictuelles en vue de transformer leurs connaissances et expériences déjà acquises en de nouveaux savoirs plus profonds;
• participent directement et activement à la découverte de nouveaux savoirs plutôt que de recevoir passivement de l'information;
• transposent les connaissances et habiletés nouvelles à de nouveaux contextes;
• s'approprient le processus d'apprentissage continu et les compétences du contenu visées par le programme.

(Adapté de Kuhlthau, Maniotes et Caspari, 2007)

La construction des savoirs par l'enquête est un processus d'exploration et d'investigation qui structure l'organisation de l'enseignement-apprentissage. Il permet à l'élève de participer activement à l'élaboration et l'exploitation des questions captivantes. Ainsi, l'élève garde sous différentes formes des traces de sa réflexion, de son questionnement, de ses réponses et des différentes perspectives. Cela peut devenir une source d'évaluation des apprentissages et du processus lui-même. Cette documentation favorise un regard en profondeur de ce que l'élève sait, comprend et peut faire.

Ce processus comprend différentes phases non linéaires telles que planifier, recueillir, traiter, créer, partager et évaluer, avec des points de départ et d'arrivée variables. La réflexion métacognitive soutient ce processus. Des questions captivantes sur des sujets, problèmes ou défis se rapportant aux concepts et au contenu à l'étude et déclenchant le processus d'enquête.

Une question captivante : 

• s'inspire du vécu, des intérêts et de la curiosité de l'élève;
• provoque l'investigation pertinente des idées importantes et de la thématique principale;
• suscite une discussion animée et réfléchie, un engagement soutenu, une compréhension nouvelle et l'émergence d'autres questions; 
• oblige à l'examen de différentes perspectives, à un regard critique sur les faits, à un appui des idées et une justification des réponses; 
• incite à un retour constant et indispensable sur les idées maitresses, les hypothèses et les apprentissages antérieurs; 
• favorise l'établissement de liens entre les nouveaux savoirs, l'expérience personnelle, l'accès à l'information par la mémoire et le transfert à d'autres contextes et matières.

Prendre des décisions fait partie de la vie quotidienne de tous les enfants. Qu'ils en soient conscients ou non, les élèves de 3e année prennent déjà des décisions. Le but visé par l'enquête en vue de la prise de décision en matière de santé est de tirer parti de l'esprit d'émerveillement et de curiosité des enfants et de profiter de leurs expériences, intérêts et vécu pour informer la prise de décision.

Entre autres exemples de stratégies concrètes pour aider les élèves à acquérir des habiletés de prise de décision, notons :

• Offrir aux enfants des occasions de pratiquer les techniques de prise de décision (Elias, Branden-Muller, & Sayette, 1991);
• Faire travailler les enfants par équipe ou en petit groupe à des décisions à prendre pertinentes (Campbell & Laskey, 1991);
• Se servir de situations concrètes et de décisions à prendre qui reflètent les intérêts des enfants et sont pertinentes à leur quotidien (Campbell & Laskey, 1991; Graumlich & Baron, 1991);
• Encourager les enfants à rechercher de nouvelles informations lorsqu'ils doivent prendre une décision et les aider à éviter de surestimer leurs connaissances et leurs capacités (Fischhoff, Crowell, & Kipke, 1999);
• Aider les enfants à comprendre en quoi leurs choix personnels affectent les autres (Kuther & Higgins-D'Alessandro, 2000);
• Faire comprendre aux enfants comment les émotions personnelles peuvent influencer le raisonnement, les sentiments et les comportements (Fischhoff et al 1999);
• Aider les enfants à reconnaitre les préjugés (Baron & Brown, 1991; Campbell & Laskey, 1991).

L'enquête ne doit pas s'envisager en termes de projets isolés, entrepris occasionnellement et individuellement dans le cadre de la pédagogie traditionnelle de la transmission des savoirs. Elle n'est pas non plus une méthode à implanter en suivant un scénario élaboré à l'avance. (Galileo Educational Network, 2008

En 3e année, l'enquête en vue de la prise de décision en matière de santé est représentée sous la forme d'un feu de circulation.

• Le feu rouge indique qu'élèves et enseignants doivent S'ARRÊTER pour réfléchir et questionner les connaissances dans le cadre de la salle de classe et en dehors de ce cadre. Ceci revient à poser des questions captivantes, à réfléchir à ce qu'on sait et à imaginer les différentes possibilités.
• Le feu jaune suggère qu'élèves et enseignants RÉFLÉCHISSENT sérieusement à ce qu'ils voient, entendent et ressentent. Ceci revient à rassembler de l'information d'une vaste gamme de sources dans le but de comparer l'information, de faire des rapprochements et de façonner de nouvelles idées.
• Le feu vert, c'est l'aspect « action » de l'apprentissage. Les élèves PASSENT À L'ACTION pour améliorer leur santé et leur sécurité personnelle, en mettant en application ce qu'ils savent et comprennent.

Comme les enfants explorent, s'émerveillent et s'engagent dans des démarches d'enquête, ils auront de plus en plus d'occasions de prendre des décisions bonnes pour leur santé. Le feu de circulation peut servir soit pour chaque élève individuellement soit pour les groupes d'enfants et faire partie de la prise de décision en matière de santé.

La santé et le bienêtre de la population canadienne dépendent d'un nombre de facteurs : des facteurs génétiques, des choix personnels, l'accessibilité à des services de santé et des comportements individuels influencés par l'environnement physique, économique, social et culturel. En tant qu'éducateurs et éducatrices de bienêtre, nous avons besoin de reconnaitre à cette gamme de facteurs d'influence sur le bienêtre tant au niveau personnel que collectif, et d'y répondre. Une approche globale de la santé en milieu scolaire implique une collaboration à grande échelle entre le personnel scolaire et les membres de la communauté dans le but d'améliorer le bienêtre des élèves. Les défis sociaux et des défis de santé requirent une approche globale où il y a collaboration entre les jeunes, les familles, les écoles, les agences communautaires et les paliers du gouvernement. Les écoles en santé sont des écoles plus efficaces et tout exercice de planification pour l'amélioration scolaire devrait tenir compte des considérations sociales et de bienêtre. (Association canadienne pour la santé scolaire, 2007) [ traduction libre]

Le but de l'approche globale de la santé en milieu scolaire est de favoriser de façon collaborative :

• la promotion de la santé et du bienêtre;
• la prévention de certaines maladies, troubles et blessures;
• l'intervention pour appuyer les enfants et adolescents en difficulté ou à risque;
• l'appui aux élèves qui font déjà face à des défis de santé;
• l'égalité des chances pour vivre le succès académique.

Ce programme d'études nous invite à penser à l'éducation au bienêtre en termes des besoins et des intérêts des élèves. Comment l'éducation au bienêtre peut-elle être plus stratégique, engageante et authentique? Comment peut-elle aider les jeunes enfants et les adolescents :

• à devenir plus compétents et plus confiants de trouver et mettre en application l'information sur le bienêtre;
• à mieux comprendre le bienêtre au niveau personnel, familial, communautaire et de l'environnement; 
• à s'engager à éviter les comportements à risque;
• à choisir des comportements favorisant le bienêtre?

La loupe représente l'ensemble des composantes à considérer, à comprendre et à influencer de façon saine pour atteindre le bienêtre individuel. Sous la loupe se trouve les quatre dimensions interdépendantes de l'apprentissage holistique. Dans le cercle intérieur se trouvent les buts du bienêtre et le cercle extérieur présente les contextes impliqués dans l'Approche globale de la santé.

L'apprentissage holistique est fondé sur le principe de l'interdépendance; un élève est considéré comme une personne entière avec des liens dynamiques entre les dimensions physiques, cognitives, émotionnelles et spirituelles. Les résultats d'apprentissage encouragent et mettent au défi les éducateurs et les éducatrices de réfléchir à une planification holistique du bienêtre. L'éducation de la personne entière vise le développement d'un élève qui est en santé, instruit, motivé et engagé.

L'expression « littératie en santé » fait référence à la capacité d'une personne d'accéder à des renseignements liés à sa santé physique, émotionnelle, mentale et spirituelle, ainsi qu'à prendre des décisions éclairées sur sa santé. Une personne ayant un niveau élevé de littératie en santé est capable notamment de lire et de comprendre de l'information sur la santé (p. ex. l'usage approprié des médicaments sur ordonnance) et de prendre les mesures qui s'imposent; elle est capable de communiquer efficacement aux médecins ses besoins en matière de santé et elle possède les aptitudes d'écoute nécessaires pour comprendre les directives qui lui sont données.

Les chercheurs et les décideurs du domaine de la santé et de l'éducation considèrent que la littératie en santé est un élément déterminant reliant l'instruction à la santé, un facteur de causalité des écarts dans la santé des différents groupes au sein de la population et un indicateur de la santé de la population en général. (Adapté du Conseil canadien sur l'apprentissage en santé, 2007, p. 3)

L'équation est très simple :Niveau d'éducation élevé et capacité d'apprendre au sujet de la santé = meilleure santé.